The Taskan Empire est le deuxième supplément du monde de Thennla adapté à RQ6.

Il se présente comme un volume « compagnon » de Shores of Korantia mais, en fait, il reprend l’essentiel des informations concernant l’Empire taskien parues dans Age of Treason : The Iron Simulacrum (AoT:TiS, publié en 2011 par Mongoose Publishing), avec quelques ajouts et modifications. Il faut noter que les règles sur l’alchimie, les enchantements avancés et les invocations sont absentes ainsi que la campagne du Korazoon. Ces deux sujets devraient être traités dans de futurs suppléments (Taskan adventures, Assabian Rites).

La forme

Contrairement à SoK, The Taskan Empire est un supplément à couverture souple imprimable à la demande sur Lulu à partir du fichier PDF. Il s’étend sur 105 pages dont la présentation et l’organisation sont identiques à celles de SoK. C’est naturellement le Simulacre de Fer qui a les honneurs de la couverture avec une magnifique illustration. Son faciès énigmatique et glaçant nous plonge immédiatement dans l’ambiance. On plaint déjà les malheureux soumis à son jugement ou les inconscients qui voudraient croiser le fer de la colossale lame qu’il porte à la ceinture. Les illustrations intérieures sont plus rares que dans SoK. On notera en page 62 un Taskien en armure sur un champ de bataille, assez évocateur. Les cartes sont du même acabit que celles de SoK, c’est-à-dire correctes sans plus. Le fichier PDF est muni d’une table des matières, navigable chapitre par chapitre.

Introduction

Dès le début, il est fait référence à un PDF gratuit, World of Thennla, contenant des information plus détaillées sur le monde. Ce PDF n’étant pas encore disponible, je fais l’hypothèse qu’il devrait contenir les informations déjà présentes dans SoK, de façon à fournir les généralités sur Thennla à ceux qui n’achèteraient que TE (ou les autres suppléments annoncés). Peut-être aurons nous aussi la chance d’y trouver du contenu nouveau. L’introduction présente la structure du livre, très proche de celle de SoK et évitant les écueils dont souffrait celle de AoT:IS. On y trouve également quelques adaptations mineures de règles dont certaines étaient dans AoT:IS mais pas dans SoK, comme les compétences qui sont capées à 5 fois leurs valeurs de base. Cela s’appliquent, me semble-t-il, à tout Thennla et pas seulement à l’Empire taskien.

Taskan history and culture

Ici commence la découverte de l’empire qui préoccupe tant les Korantiens. Non seulement l’Empire taskien est pour eux une menace militaire mais les valeurs qu’il propage sont aux antipodes de la culture korantienne : abolition de l’esclavage, suppression des privilèges de la noblesse, égalité entre les hommes et les femmes, crémation des morts, …). On apprend comment, aux temps anciens, le héros Tarsen unifia la région qui allait porter son nom, la Tarsénie, comment il regroupa un groupe de divinités adorées de façon disparate en un panthéon cohérent et comment il en codifia les rites. D’autres informations utiles sur ce sujet se trouvent dans le chapitre consacré aux cultes.

On y suit également les pérégrinations de Zygas Taga, un mercenaire jekkarine parti de rien et qui allait pacifier toute la Tarsénie, alors en lutte plus ou moins larvée, avant de se proclamer empereur de ce nouvel empire. Ensuite, Zygas Taga se retira de la vue de son peuple pour se consacrer à sa tâche principale : devenir un dieu. Un golem magique investi d’une partie de sa conscience fut créé pour diriger l’Empire en son nom. À la fois vice-roi et familier de Zygas Taga, le Simulacre de Marbre entra dans la lumière. Il y restera pendant plus de cent ans avant d’être détruit à la bataille d’Abraxa. Trois ans plus tard, un nouveau golem, plus fort et plus résistant que le précédent, fit son apparition : le Simulacre de Fer. Après plusieurs campagnes de conquêtes territoriales fructueuses et quelques échecs retentissants, l’Empire est maintenant à la croisé des chemins : sera-t-il capable de s’étendre encore, notamment pour disposer d’un accès direct à l’océan intérieur ? Combien de temps les Korantiens laisseront-ils les Taskiens s’approcher de leurs frontières sans réagir ?
Le reste du chapitre nous donnes quelques indications sur les coutumes, les arts, l’armée, les villes, le commerce et le calendrier taskien.

The Imperial Court

Le chapitre commence par approfondir l’histoire de Zygas Taga, du Simulacre de Marbre et du Simulacre de Fer, évoquée au chapitre précédent. Des liens politiques intéressants et profonds apparaissent : on comprend ainsi pourquoi la cité de Sorandib, exclue de la Tarsénie pour avoir contesté la divinité de Tarsen, bénéficie finalement de la protection bienveillante des Taskiens, grâce au rôle déterminant joué par la guilde des Artificiers dans la construction du Simulacre de Fer.

Viennent ensuite les trois « Cours » qui culminent au sommet de la hiérarchie impériale : le Conseil Assis (Seated Council), ainsi nommé car ses membres sont les seuls prêtres autorisés à rester assis en présence de l’Empereur ; les Esclaves du Corps de l’Empereur, seul admis à l’intérieur même du palais sacré de Zygas Taga et que l’on ne revoit plus jamais ; et enfin l’Exarchie, entité politique réunissant les 10 diocèses impériaux régionaux et le 11e diocèse constitué par l’armée taskienne, directement dirigé par le Simulacre de Fer. Chacun des 10 exarques est présenté dans un court paragraphe. Le collège des Compagnons de Fer, qui regroupe les officiers supérieurs de l’armée est également décrit.

Cities and provinces

L’Empire est divisé en provinces appelées « diocèses » selon la terminologie du culte impérial. Les diocèse historiques s’étendent autour des cités tarséniennes et de nouveaux diocèses sont créés sur les territoires récemment conquis, à condition que ceux-ci acceptent pleinement la loi taskienne. Les plus importantes cités sont décrites avec leurs particularismes : Taskay, la capitale impériale ; Zarina, la métropole ; Ashkor, la demeure du Simulacre et Tarsang, l’épicentre des routes commerciales. Il existe de nombreuses villes de moindre importance. Mais si l’Empire n’est officiellement constitué que de ses diocèses et des nations assujetties, c’est-à-dire conquises mais réticentes à l’occupation taskienne, il existe de nombreux territoires avec lesquels il entretient des liens plus ou moins forts ou contraignants : les « états clients » comme le royaume de Yegusaï,  les  protectorats , telle la théocratie des jekkarines ou encore les « états alliés », à l’image du royaume de Morkesh. Le chapitre se termine par un approfondissement sur les territoires frontières de l’Empire.

Economie

Ce chapitre est similaire à celui de SoK, dont il reprend d’ailleurs certaines informations. On y trouve des détails sur la monnaie impériale, le tasken, et ses taux de change avec les autres monnaies majeures du monde, ainsi qu’une liste détaillée et commentée de biens et services divers. Comme dans SoK, c’est dans ces pages que l’on apprend le plus de choses sur la vie quotidienne : les Taskiens préfèrent les vins de qualité sauf en Camtrie où la tradition des buveurs de bière perdure ; les plus riches se payent parfois un « valet de sorts » (spell-slave) acheté auprès de marchants assabiens ; les chiens de chasse brotomagiens sont les plus réputés bien que les molosses marangiens soient les meilleurs pour la guerre, etc.
Il existe un marché pour les services magiques que se partagent les prêtres et les clercs, qui en font une profession tout autant qu’un devoir, et les sorciers qui recherchent les clients les plus riches capables de se payer des protections ou des augmentations rares, voire même des malédictions.

Beyond the empire

Le contenu de ce chapitre est lui aussi proche de son homologue dans SoK. On y trouve un foisonnement d’informations diverses sur les voyages dans l’Empire : le climat, les auberges, les rencontres possibles, les raisons qui motivent les déplacements (avec notamment les pèlerinages qui sont d’une grande importance dans la vie d’un Taskien) et les dangers divers qui guettent les voyageurs. Les particularités des trajets maritimes dans le golfe de Taskay sont également abordés. Puis vient le sujet des voyages au delà des limites de l’Empire. C’est l’occasion de nous présenter une table fort utile qui liste les langues principales et secondaires, les cultures et les savoirs locaux associés à chaque grande région du continent. Enfin une description de chaque nation limitrophe de l’Empire est donnée ; on y trouve la Korantie, les plaines de Kitan, la péninsule de Méthélie, la Sorantie, le Korazoon, l’Assabie, les royaumes de Yégusaï et de Zagre, la Camtri, la Brotomagie et la Marangie, ainsi que le royaume de Thafna.

Taskans characters

C’est ici que nous retrouvons les aspects techniques des différentes cultures déjà abondamment décrites dans les chapitres précédents. Outre la culture tarsénienne qui a un rôle central, quelques cultures périphériques sont également exposées : la culture des nomades eskars, celle des barbares thennaltiens et l’étrange culture des peuples de la vallée du Beshor. Les nouvelles professions proposées, le clerc taskien, le prêtre-chamane beshorite et le valet de sorts taskien (spell-slave) sont beaucoup plus clairement présentées que dans AoT:IS. On comprend maintenant clairement en quoi les clercs taskiens sont aux antipodes des prêtres korantiens et comment l’influence de la culture assabienne conduit les nobles taskiens à utiliser des valets de sorts, d’une façon heureusement moins inhumaine que leurs voisins du Sud. Le chapitre se termine par une très utile série de questions/réponses « Ce que mon père m’a dit », qui n’est pas sans rappeler les paragraphes « La voix du … » utilisés dans les règles de base pour décrire les cultures.

Taskan Magic

Ce chapitre est un de mes préférés car l’auteur a développé une véritable histoire de la magie taskienne, donnant vie aux systèmes de magie de RQ6, certes très efficaces mais que l’on peut trouver un peu arides. La magie populaire taskienne est représentée par une compétence dédiée Rites (Taskiens). Cette magie été formalisée par le héros Tarsen sous la forme de symboles et de protocoles spéciaux (que le MJ pourra préciser plus avant s’il le souhaite) à l’époque où il a unifié la Tarsénie et son panthéon. De nos jours, certains sorts d’utilité générale sont inscrits sur des stèles dans des lieux publics pour permettre aux citoyens, qui ont tous reçu une formation aux rites taskiens à leur majorité, de les utiliser pour le bien public. De nouveaux sorts de magie populaire font leur apparition, tous plus ou moins liés à la vénération des dieux du panthéon taskien et aux rites de la vie courante (matrimoniaux, funéraires, etc.). Le sort Vénérer (Déité) est très répandu et quiconque l’invoque dans un espace sanctifié permet aux fidèles présents d’offrir leurs points de magie en échange de bénédictions mineures. Les clercs du chapitres précédent sont des sortes de « prêtres mercenaires » qui se font payer pour conduire de telles cérémonies. Ainsi fonctionnent les religions taskiennes : la relation avec les dieux est perçue comme une transaction mutuellement bénéfique et non pas comme une adoration aveugle (bien que des exceptions existent). Néanmoins, le théisme et la dévotion véritable qui va avec existent eux aussi. Il y a peu de modifications par rapport aux règles de base, à l’exception des Avantages (déjà décrit dans SoK), de la possibilité de développer une dévotion personnelle hors des structures d’un culte, et des épiphanies, où un avatar du dieu se manifeste physiquement devant ses adorateurs, le plus souvent pendant un festival qui lui est consacré. Les Taskiens ont par ailleurs développé une forme de sorcellerie pilotée par la compétence Invocation (Sorcellerie taskienne) et le culte de l’empereur-dieu encourage son utilisation. Il entretient même une école réputée de « sorcellerie d’état » dans la ville de Tarsang. Enfin, le chapitre nous présente une forme de magie animiste utilisée par les tribus barbares Sheng. Les deux principales différences avec les règles de base sont, d’une part, que les fétiches sont des tatouages directement inscrits sur le corps et, d’autre part, que la compétence Transe est le rare apanage des chamanes des clans royaux.

Cults

Le supplément se termine par les descriptions détaillées de différents cultes qui sont également l’occasion d’introduire de nouveaux miracles. Les Taskiens différencient les congrégations, cultes plus ou moins informels donnant seulement accès à la magie populaire ; les cultes théistes publics, soutenus et encouragés par l’état ; les cultes théistes ésotériques (mysterious cults) qui ont trouvés leurs places dans l’Empire indépendamment de la création du panthéon taskien par Tarsen ; et enfin les clubs funéraires, qui s’engagent à rechercher et ramener les dépouilles de leurs membres afin que celles-ci reçoivent correctement les rites funéraires taskiens. On nous présente ensuite en détail les principaux cultes de l’Empire. Plusieurs pages sont consacrées au très hiérarchisé culte de l’Empereur, qui incarne l’ensemble des institutions impériales. À partir du rang d’acolyte, les joueurs pourront se spécialiser dans l’un des trois sous-cultes existants : les agents, sortes de diplomates-espions ; les inquisiteurs qui enquêtent, jugent et punissent les crimes de trahison (qui sont détaillés avec leur peines correspondantes) et les compagnons qui constituent l’essentiel de l’armée impériale. Puis viennent le culte de Tarsen, fondateur et gardien de la Tarsénie ; le culte ésotérique de Basat, importé d’Assabie, le seul à disposer du miracle de Résurrection ; la congrégation du dieu de la fureur guerrière, Machank, dont les membres ont une espérance de vie limitée ; le puissant culte public de Thesh, dieu du feu, vénéré à la fois par les artisans, les guerriers et les sorciers et qui maintient l’unité de combat la plus puissante de l’Empire, et le culte des ancêtres de la vallée du Beshor, dont les prêtres-chamanes sont les seuls recours des taskiens ayant des démêlés avec des esprits. Enfin un culte démoniaque interdit dans tout l’Empire est décrit ; ses membre recherchent l’immortalité au prix de leurs âmes et peuvent constituer d’excellents adversaires pour les joueurs. Le chapitre se termine avec une petite description des différentes unités militaires de l’armée taskienne qui sont techniquement traitées comme des cultes. Un excellent chapitre dans lequel on regrettera cependant l’absence des illustrations « statuettes » qui représentaient agréablement les dieux korantiens dans SoK.

The Taskan Empire est en fin de compte du même niveau de qualité que Shores of Korantia. Il décrit avec avec le même niveau de détails la nation la plus puissante du cet univers. Les amateurs séduits par ce monde voudront posséder les deux ouvrages, ceux qui préfèrent une ambiance hellénique maritime plutôt figée dans ses valeurs ancestrales préféreront SoK tandis que ceux qui apprécient la fougue d’un empire mi-romain mi-byzantin, pragmatique et conquérant, se tourneront vers TE.